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madame ! Mais permettez, c’est un diamant. Je ne m’y connais pas, je suis fort peu minéralogiste… et ces objets-là sont sans valeur scientifique pour moi. Permettez-moi de le remettre dans cette coupe, où il me fait autant de plaisir à voir que s’il était à mon doigt… C’est très-joli, en effet, un diamant ! C’est un emblème ; c’est pur, c’est brillant, c’est inaltérable ! mais le soleil est encore plus beau !

DIANE. — Mais je ne peux pas vous le donner.

FLORENCE. — Non, car il est à moi plus qu’à vous ; je le vois lever tous les matins et coucher tous les soirs ; et à toutes les heures de la journée je le contemple et je le consulte pour mes fleurs, qui sont ses filles, et pour lesquelles je suis, moi, le prêtre du Dieu qui leur donne la santé, la couleur, le parfum et la vie.

DIANE. — Voilà bien de belles choses sous lesquelles cependant la moquerie et une fierté excessive percent toujours. Vous me refusez avez beaucoup d’esprit ; mais ce n’en est pas moins un refus et une sorte d’outrage.

FLORENCE. — Je croyais que l’outrage, si outrage il y a, était ici pour moi, madame la comtesse, et j’étais décidé à ne pas m’en apercevoir… Pourquoi exigez-vous ?…

DUIANE. — Allons, j’ai tort ! pardonnez-moi.

FLORENCE. — Comment dites-vous, madame ?

DIANE. — J’ai dit : pardonnez-moi, vous avez bien entendu. Vous ne voulez aucun gage de ma reconnaissance ; alors, que voulez-vous donc ?

FLORENCE. — Vous avoir fait plaisir, voilà tout.

DIANE. — Vous ne voulez pas même de ma reconnaissance pure et simple, sans preuves, sans témoignages aucuns ? Oui, c’est cela, je le vois. Eh bien, je souffre beaucoup de cette situation… et je vous le disais bien hier, je sens en vous je ne sais quelle méfiance… une sorte d’antipathie ! On dirait que vous voulez m’humilier et me dire avec une certaine satisfaction hautaine : Vous resterez éternellement mon obligée.

FLORENCE. — Ah ! que tout cela est froid et amer, madame la comtesse ! Voyez donc combien est vrai ce que je