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me ferai ouvrière ou servante ; tout ce qu’il voudra, pourvu qu’il m’aime !… Quoi ! il ne t’a rien dit de moi ? Est-ce qu’il va causer longtemps avec ta maîtresse ? Et pourquoi les laisses-tu seuls ensemble ? Pourquoi tarde-t-il, quand je l’attends ?

JENNY. — Tu l’attends ?

MYRTO. — Oui, là, à la porte, et j’y passerai la nuit s’il le faut ; et si le jour vient sans qu’il ait tenu sa promesse, on me trouvera morte au pied de cette tour.

JENNY. — Ah ! Céline, il t’a promis…

MYRTO. — Oui, de revenir à minuit. Encore une heure, un siècle à l’attendre !

JENNY. — Tu l’aimes à ce point ?… et tu serais capable de te tuer ?… Mon Dieu, tu me fais peur !

MYRTO. — N’aie pas peur, il viendra, il l’a dit ! Oh ! un homme qui ne ment pas, qui vous parle sérieusement, avec un grand cœur et un grand esprit, sans vous railler, sans vouloir vous acheter ! avec le seul désir de vous rendre digne de lui pour vous aimer un jour !…

JENNY. — S’il en est ainsi, sois tranquille, il viendra. Te voilà donc sauvée, convertie, réhabilitée ? Allons, c’est une double bonne œuvre qu’il a faite là, monsieur Florence, et je dois prier Dieu pour toi.

MYRTO. — Oui, prie Dieu pour que je sois aimée. S’il me trompait, s’il ne venait pas… oui, c’est bien vrai, je crois que je mourrais de douleur et de rage cette nuit… Ou bien, vois-tu ! je ne sais pas, mais il me semble que je me vouerais au diable et que rien ne m’arrêterait plus dans le chemin du mal.




SCÈNE XIII


Dans le boudoir de Diane


DIANE, FLORENCE.

DIANE. — Et vous l’accepterez de ma main.

FLORENCE. — Une bague ? c’est bien flatteur, certainement.