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DIANE. — Eh bien, Jenny, est-ce lui ?

JENNY. — Non, madame. Ce sont des êtres singuliers… des masques, je crois, qui demandent à vous voir.

DIANE, effrayée. — Ah ! ciel ! qu’est-ce que c’est ? monsieur Jacques, ne me quittez pas, je vous en prie. J’ai peur des masques ! Jenny, je ne veux pas qu’ils entrent !

JACQUES. — Ne craignez rien, madame ; je crois que je les connais. Je vais m’en assurer.

(Il sort.)

JENNY. — Eh ! madame, soyez tranquille. Ce sont nos voisins, les artistes, monsieur Maurice Arnaud et ses amis. Ils viennent vous inviter à la comédie, et j’ai pris sur moi de leur dire d’attendre. Ce sont de braves jeunes gens ; tout le monde ici les estime, et on dit qu’ils sont très-amusants. Puisque vous voilà tranquille, soyez donc gaie, et prenez cette distraction.

DIANE. — Ah ! certes, je veux bien ; à la bonne heure ! J’ai eu une peur affreuse. J’ai cru que cette fille m’envoyait des gens à elle pour me reprendre mes lettres. Je suis folle !… Mais serre-les donc, ces maudites lettres, jusqu’à ce que j’aie le temps de les brûler. Je ne sais où les mettre, ici !

JENNY. — Donnez-les-moi. J’ai de grandes poches, et soyez tranquille : on me tuerait plutôt que de me les ôter. Mais ne craignez rien de ces gens-là, au moins ! et faites-vous-en des amis. Ils vous désennuieront de temps en temps. Monsieur Gérard les connaît, et ils sont amis de monsieur Jacques.

DIANE. — Fais-les entrer, et allume toutes les bougies, que je les voie.

JENNY. — Les voilà, monsieur Jacques les amène.

(Jacques entre avec Maurice, Émile, Damien et Eugène. Florence

reste près de la porte, Maurice en pierrot, la figure enfarinée, commande par signes un roulement de tambour à Damien, qui est affublé en pitre. Puis il salue Diane et lui fait un assez long

compliment en pantomime.)

FLORENCE, qui est sur le seuil de la porte du salon avec Jenny. — Eh bien, mademoiselle Jenny, êtes-vous un peu consolée ?