Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des intentions raisonnables ? Je l’aurais peut-être calmée, si elle est en colère.

DIANE. — Mais que veux-tu donc que je craigne ? Je saurai bien la mater, va ? Et puis, je suis curieuse de savoir ce que c’est qu’une lorette. Ça m’occupera, ça m’amusera.

JENNY. — Dites-moi de rester avec vous. Si elle s’emporte… je me souviens qu’elle était un peu brutale autrefois… Je lui ferai entendre raison mieux que vous.

DIANE. — Bien, reste ! La voilà, tiens ! Elle est charmante, et mise comme un ange !

MYRTO, entrant. — Bonjour, madame de Noirac. Je vous remercie de me recevoir comme ça tout de suite. Ça n’est pas d’une bégueule. Ah ! que vous êtes donc jolie, et bien arrangée, avec ce petit bonnet de dentelle ! Ma foi ! je crois que vous êtes plus jolie que moi !

DIANE. — Vous êtes trop modeste, mademoiselle Myrto !

MYRTO. — Si, si, vous êtes plus jolie, je vois ça, n’est-ce pas, Jenny ? Ma foi, Gérard n’a pas de mauvais yeux. Reste à savoir si vous avez plus d’esprit que moi… car, sur ce chapitre-là, Gérard ne s’y connaît pas du tout.

DIANE. — Voyons donc votre esprit d’abord, mademoiselle Myrto, et faites-en preuve en parlant sérieusement, si c’est une raison sérieuse qui vous amène devant moi.

MYRTO. — Vous voulez que ce soit sérieux ? Je le veux bien ; c’est à votre choix. Mais, est-ce qu’elle va rester là, elle ?

DIANE. — Jenny ? Pourquoi pas ? Je n’ai rien de secret à dire ni à entendre.

MYRTO. — Peut-être que si ! n’en jurez pas.

DIANE. — Vous vous trompez. N’importe ! je suis sûre d’elle.

MYRTO. — Comme vous voudrez. Ah ! que vous avez là un joli petit chien ! quel bijou ! et il me caresse ! J’ai envie de vous le voler. Est-ce que c’est Gérard qui vous l’a donné ? Je parie que c’est le chien de La Havane qu’il m’avait promis, et il a prétendu ensuite qu’il avait péri en mer.

DIANE. — Voyons, est-ce de monsieur de Mireville ou de