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qui rentrait avec le déjeuner servi sur un beau plateau de bois de figuier ; mais vous m’aurez avec vous, Jean, si M. Sylvestre s’engage à être l’ingénieur, et si vous écoutez ce qu’il vous dira.

— J’en jure par le Rutli ! s’écria Jean.

Et il déjeuna avec moi de grand appétit.

Félicie alla mettre sa jupe courte, son chapeau rond et ses souliers à crampons. Elle était habillée ordinairement en demoiselle de campagne. Le costume de montagnarde la rendait vraiment jolie. Les nattes pendantes de ses cheveux bruns lui descendaient jusqu’aux jarrets. Sa jambe fine et nerveuse était un modèle d’élégance. Aux habitudes de force et de travail des Suissesses, sa nature italienne ajoutait la grâce et la distinction.

Elle partit en avant avec Tonino, qui avait pris aussi l’habillement montagnard nécessaire à une promenade sur des escarpements assez sérieux. Tonino était un garçon fait au tour et d’une physionomie frappante de finesse aimable et de pénétration caressante. Trop mince et trop brun pour plaire aux gens du pays, il me paraissait devoir exercer un jour sur des natures plus exquises une puissance réelle.

— Laissons passer ce beau couple, me dit Jean d’un air de bonne humeur, en s’armant de son bâton ferré, et en m’en donnant un semblable. Nous allons, tous deux, monter tout droit par le couloir des eaux. Ce ne sera pas facile, je vous en avertis ; mais vous avez bon pied, bon œil, et j’ai besoin que vous con-