Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/281

Cette page a été validée par deux contributeurs.

minute de retard. Sa fortune, l’avenir de vos enfants dépendent de ce voyage, et la promptitude assure absolument le succès. Ne vous alarmez de rien, réjouissez-vous, au contraire. Gardez pendant quelques jours le secret sur ce départ. Votre mari vous écrira de sa première étape, et, dans six semaines, vous serez réunis, j’en réponds.

Tonino confirma mes paroles, embrassa sa famille avec agitation, prit quelque argent et boucla son sac de voyage. Nous partîmes sur la route d’Italie.

— C’est par là que vous allez ? lui dis-je.

— Oui, je veux aller d’abord dans mon pays pour donner un air de vraisemblance à mon voyage.

— C’est bien vu ; mais votre pays est trop près, je ne vous permets pas d’y rester plus de vingt-quatre heures.

— J’irai en Vénétie. Nous avons là des parents éloignés, un reste de famille. J’ai besoin d’une notoriété quelconque pour m’établir.

— Allez.

— Comment recevrai-je là la somme et la quittance ?

— Je vous les porterai en vous conduisant Vanina et vos enfants.

— Mais toutes les choses que je laisse ? mes affaires en train, mon bétail, mon mobilier ?

— Je me charge de tout comme si vous étiez mort, et que j’eusse à liquider la situation de votre famille.

— Il y aura bien du préjudice !