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pour me fixer dans ma croyance. Ni spinosiste ni cartésien, je procédais pourtant en grande partie, comme tous les hommes de mon temps, de l’un et de l’autre système, et je m’étais complété par la doctrine du progrès, qui semble devoir accorder les deux doctrines. En effet, s’il est certain que Spinosa ait raison en faisant la liberté et la responsabilité de nos consciences moins absolues que ne l’admet Descartes, et si Descartes a raison aussi d’étendre, plus que ne le fait Spinosa, le domaine de cette responsabilité et de cette liberté, nous ne trouvons ni chez l’un ni chez l’autre le dernier mot de cette grave question. Le catholicisme est cartésien en ce sens qu’il admet la responsabilité absolue, partant le châtiment éternel. — Le catholicisme ne résout donc rien, puisque le châtiment éternel est repoussé par la raison, par le sentiment et même par l’expérience, procédant par analogie.

Les nouvelles philosophies admettent toutes une notion supérieure, et il ne faut être ni bien érudit, ni bien subtil pour être frappé de la vérité qui se dégage des principales études de notre époque. C’est une vérité claire, basée sur l’expérience, c’est-à-dire sur la critique de l’histoire des hommes, et qui a cette rare puissance d’expansion que la raison et le sentiment l’acclament aussitôt.

L’homme n’est ange ni bête, eût dit Pascal. — Nous disons en somme aujourd’hui la même chose, et nous le disons tous ou à peu près tous ; l’homme subit en