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qui ne demande qu’à se livrer à l’étude des belles choses et à ignorer les émotions poignantes. Ne t’inquiète point de la manière dont j’aime ma chevrière et du nombre d’enfants qu’elle pourra me donner. Elle n’aspire qu’à en nourrir une douzaine. Il n’y a guère à craindre les charmes d’une femme qui n’a d’autre passion que la maternité. Être jalouse de la Vanina, toi ! c’est absurde, c’est injuste, c’est même inhumain… Pauvre Vanina ! si elle me voyait mourant d’amour à tes pieds, elle tomberait morte d’étonnement et d’humiliation. Veux-tu donc la tuer, toi, si grande et si noble ? Non, tu ne le veux pas, pas plus que je ne veux tuer mon cher et bon Sylvestre en cessant de le tromper. Respectons nos liens, voilà toute la morale que je comprenne, et ce que je comprends, je m’y range, qu’il m’en coûte ou non. Soyons très-bons, très-aimables, très-prudents ; alors, nous serons contents de nous-mêmes, et cela nous rendra contents l’un de l’autre. Savourons nos joies, donnons au travail, aux devoirs et aux affaires les heures qui nous séparent. Ne nous disputons pas pour des misères, pour de l’argent, pour des questions de tien et de mien. Ce sont là des prétextes que tu cherches ou que tu saisis pour épancher ta bile. Laisse-moi conduire ma barque comme je l’entends. Qu’est-ce que ça te fait, que je mange mon argent et que j’expose le tien ? Depuis quand tiens-tu à l’argent ? Qu’est-ce que l’argent peut avoir à faire dans nos amours ? Tu dis toi-même que tu n’auras plus d’en-