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sombre, et, comme elle s’efforçait de me cacher cette larme :

— Pleurez, pleurez, lui dis-je ; soyez femme, soyez mère. Je vous aime mieux ainsi que tendue et irritée.

— Mais ce souvenir qui me brise, ne le détestez-vous pas ?

— Non ; quand vous pleurez, je ne déteste rien dans le passé. Les larmes effacent tout, et la vraie douleur se fait toujours respecter.

Elle essuya ses yeux avec ma main et la baisa ; puis elle attacha sur moi ce regard clair et profond où l’énergie et la passion de son âme s’exprimaient d’une façon victorieuse quand elle se livrait.

— J’ai eu deux désespoirs dans ma vie, dit-elle : la mort de mon enfant et celle de mon frère. Le jour où vous m’aimerez comme je vous aime, je les oublierai.

— Pourquoi oublier ? lui dis-je. La douleur est saine aux belles âmes, et j’aime mieux partager la vôtre que de l’effacer. Vous me tiendrez par la tendresse encore plus que par l’énergie, soyez-en sûre. Je ne demande qu’à vous sentir faible pour me dévouer à mon tour.

Elle fut tout à coup ranimée, cessa de protester intérieurement contre le témoignage de mon affection, et s’occupa de la propriété de Tonino avec ardeur, presque avec gaieté. Elle voulait tout abattre pour tout reconstruire, et faisait des plans sur le