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pathique caractère qui a son côté sérieux, raisonné et arrêté.

Pressé de donner son avis et de formuler son opinion, après s’en être longtemps défendu sous prétexte qu’il était incompétent comme vieux garçon, il finit par avouer qu’il avait été marié deux fois et qu’il avait été très-malheureux en ménage. On ne put lui en faire dire davantage quant à sa propre histoire ; mais, voulant par une conclusion morale quelconque échapper à la curiosité, il nous parla ainsi :

— Certainement l’adultère est un crime, puisque c’est la violation d’un serment. J’estime le crime aussi grave pour un sexe que pour l’autre ; mais il est réellement difficile à éviter pour tous deux dans certains cas que je n’ai pas besoin de vous spécifier. Permettez-moi donc d’être casuiste en fait de rigorisme et de n’appeler adultère que la trahison non provoquée par celui qui en est victime, et sciemment accomplie par celui qui la commet. Dans ce cas-là, l’époux ou l’épouse adultère mérite châtiment ; mais quel châtiment appliquerez-vous dont celui qui l’inflige ne soit pas fatalement solidaire ? Il doit y avoir pour l’un comme pour l’autre une autre solution.

— Laquelle ? s’écria-t-on de toutes parts. Si vous l’avez trouvée, vous êtes habile !

— Je ne l’ai peut-être pas trouvée, répondit modestement le vieux Sylvestre ; mais je l’ai beaucoup cherchée.

— Dites-la ! dites ce que vous avez jugé le meilleur !