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régnez, et c’est justice. Je ne suis rien qu’un étourdi et un ignorant, tandis que vous êtes un homme et presque un ange. Aussi je me console de toutes les rigueurs de ma cousine avec une bonne parole de vous. Vous pouvez faire de moi tout ce que vous voudrez, un ami, un chien, un esclave ; vous êtes doux, je le suis aussi ; entre nous, il n’y a besoin que d’un regard et d’un sourire. Votre commandement me rend heureux, j’ai du plaisir à vivre de vous et par vous. Sans cela, j’aurais beaucoup de chagrin ; mais je me dis que Félicie est comme cela. Elle ne peut aimer qu’une personne à la fois. Quand j’étais son fils, il ne fallait pas lui parler de mariage ; à présent qu’elle a mis son âme dans le mariage, il ne faut plus lui rappeler que j’ai été son fils. Qu’est-ce que cela me fait après tout, si vous êtes mon père ? Je m’habituerai à ne voir dans Félicie que ma cousine, à ne rien regretter du passé, à me dire ce que je me dis déjà : c’est que j’ai gagné au change, car vous valez mieux qu’elle et que le monde entier.

— Même mieux que Vanina ?… lui dis-je en riant.

— J’adore Vanina, répondait-il ; mais, si vous me défendiez de songer à elle, je briserais mon cœur pour vous obéir. Je me dirais que vous ne pouvez pas avoir tort, que vous voyez clair dans les âmes comme Dieu y voit, et que c’est pour mon bonheur que vous me rendez malheureux.

Je m’attachai à pénétrer la nature de son affection