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surtout depuis que l’absence de Tonino avait coupé court aux soupçons que pouvait faire naître leur intimité. Vanina, partie dès l’aube pour faire paître son troupeau sur le versant opposé de la colline, ne savait rien de l’arrivée inattendue de Tonino. Au moment où nous venions de nous mettre à table pour le dîner, elle entra dans la salle, étouffa un cri, eut un vertige, devint pâle, et se laissa tomber sur une chaise.

Cette joie naïve, aussitôt réprimée, mais suivie d’une rougeur révélatrice, fit sourire Tonino. Il alla vers elle et l’embrassa sans façon en la tutoyant comme par le passé. Au bout d’un instant, il se leva pour l’aider à nous servir, Félicie et moi, et, à mesure que le repas se prolongeait, nous étions de plus en plus mal servis. Il arriva même que nous ne le fûmes plus du tout, tant ces deux jeunes gens chuchotaient avec entrain dans la cuisine. Félicie dut appeler la Vanina et l’avertir ; mais elle ne la gronda point et ne s’en prit qu’à Tonino, à qui elle ordonna de se rasseoir avec nous et d’être plus convenable.

— Si tu commences ainsi, lui dit-elle, je vois bien que je serai aussi mécontente de toi que je l’étais l’an passé. Tu as failli me faire renvoyer cette petite. Je la croyais coquette et dévergondée ; à présent, je sais qu’elle est bonne et sage ; mais elle est simple, et, si tu cherches à la détourner de son devoir, c’est toi que je renverrai.

— Encore cette menace ! répondit Tonino avec un peu d’arrogance tempérée par l’enjouement. Je vois