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reconnu ; on ne sait pas. Ça m’est égal, à moi : la paix, la guerre, ça se ressemble tant dans ce pays de brigands, qu’on n’en voit pas la différence.

— Des brigands ? s’écria Lucinde ; j’ai toujours désiré d’en voir. Il y a en a donc par ici ?

— Il n’y a que de ça, mademoiselle, et vous en voyez là autour de vous.

— Allons donc ! Ces beaux hommes-là ?

— Aussi vrai que je vous le dis ! C’est comme les loups : ça ne fait pas de mal quand ça n’a pas faim ; mais, quand ça manque de tout, gare aux gens qui prennent fantaisie de voir leurs montagnes ! Ils sont très-doux et même accueillants quand tout va bien chez eux ; mais, quand ils sont trop molestés par les Turcs, il faut bien qu’ils prennent aux étrangers de quoi acheter du pain et de la poudre. Braves gens tout de même ! seulement, c’est sauvage et il ne faudrait pas les agacer ! Il y a aussi des ramassis de bandits de tout pays qui parcourent la frontière, soi-disant comme patriotes, mais dont il y a bien à se méfier. N’allez jamais vous promener plus loin que le petit lac et ne vous risquez jamais dans la montagne. Je vous le dis sans rire.

Ce garçon intelligent et effronté, qui s’appelait