Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/82

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous vît, mais en imitant le cri de divers animaux, chacun selon son talent, afin de lui laisser croire qu’il avait affaire aux esprits de la nuit.

Nous n’avions plus de lumière et nous nous égarâmes dans les ténèbres. Je ne sais où et comment nous nous trouvâmes dans une travée, près d’une voûte faiblement éclairée d’en bas. Nous vîmes au-dessous de nous, dans la profondeur d’une sorte de chapelle, le prince debout, dans une petite chaire, en face d’une douzaine de jeunes et vieux seigneurs ou paysans, tous également nobles, officiers de son corps de partisans : c’était le conseil de guerre dans la salle du chapitre. Klémenti les haranguait d’une voix claire et sur un ton de résolution énergique. Comme nous ne comprenions pas un mot d’esclavon, nous pûmes, comme d’une loge de quatrième rang, assister sans indiscrétion à cette scène sérieuse qui ne manquait pas de couleur. J’ignore si l’orateur était éloquent. Peut-être ne disait-il que des lieux communs, et sans doute il n’en fallait pas davantage à des gens si convaincus de leurs droits et si bien disposés à couper des têtes de mécréants ; mais sa prononciation était harmonieuse et ses inflexions assez bonnes. Quand il eut fini, nous fail-