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avec eux dans l’ancienne salle du chapitre.

— Dieu sait, ajouta-t-il, d’un ton emphatique et pénétré, quel rayon de soleil ou quel éclat de foudre sortira de cette conférence ! la paix ou la guerre !

— La guerre avec les Turcs ? lui demanda Bellamare. Est-ce que ces messieurs les attaquent quelquefois ?

— Tous les ans, répondit le moine, et voici bientôt la saison propice pour leur prendre quelque fort ou quelque passage. Dieu veuille que ce ne soit pas avant deux mois, car alors notre lac sera desséché ! Les excellents poissons qu’il nourrit seront rentrés avec lui dans les cavernes, et l’ennemi, ne trouvant ni à manger ni à boire dans le pays, ne s’aventurera pas jusque chez nous, au cœur de la montagne.

— De quoi donc vivez-vous durant l’été ? lui demanda Régine.

— L’été, répondit le moine, notre gracieux maître, le prince Klémenti, va à Trieste ou à Venise. Nous autres, nous buvons du lait aigre et nous mangeons du fromage frit dans le beurre, comme les autres habitants de la prairie.

— Ça n’engraisse pas, dit Régine, car on voit le jour à travers vos côtes.