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Nous allâmes passer le reste de la journée au bord du petit lac que Léon et moi avions découvert le matin. C’était un endroit vraiment délicieux. Au milieu, l’eau était limpide comme du cristal ; à l’entrée et à la sortie du torrent souterrain qui l’alimentait, elle bouillonnait dans des rochers couverts de lauriers-roses et de myrtes en fleur. Nous nous sentîmes tous guéris dans cette oasis, et on se livra à des accès de gaieté folle que depuis bien longtemps nous ne connaissions plus ; même Moranbois et Léon se déridèrent, et Purpurin essaya de faire de la poésie.

Nous eûmes un reste de spectacle en voyant défiler sur le chemin qui traversait la prairie les beaux cavaliers qui nous avaient donné la fantasia et qui s’en allaient par groupes, s’enfonçant dans divers angles de la montagne par des sentiers que nous ne pouvions deviner. De temps en temps, ces groupes reparaissaient sur des hauteurs vertigineuses. L’or de leurs costumes et leurs belles armes étincelaient au soleil couchant.

— Je n’ai jamais été à l’Opéra, dit judicieusement Purpurin, mais je trouve que ceci est encore plus beau.