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toutes nos peines s’effaçaient comme un rêve.

Mais, au bout d’un court trajet, plus de route, un affreux sentier à pic. Les voitures sont payées et renvoyées. Les caisses et les décors sont confiés à des gens ad hoc, qui les transporteront à bras en deux jours. Des mules, conduites par des femmes aux haillons pittoresques, nous attendaient sur le sommet de la montagne, qu’il nous fallut gravir à pied. Je le fis avec plaisir pour mon compte, en sentant que mes jambes, loin de refuser le service, s’affermissaient à chaque pas ; mais je craignais pour Bellamare et pour Impéria la suite d’un voyage qui ne s’annonçait pas comme semé de fleurs.

Il fut très-pénible en effet. D’abord, nos femmes eurent peur en se trouvant perchées sur des mules dans des sentiers vertigineux, et confiées à d’autres femmes qui ne cessaient de jaser et de rire, tenant à peine la bride des montures et leur laissant raser avec insouciance le bord des précipices. Peu à peu cependant, nos actrices se fièrent à ces robustes montagnardes, qui font tous les durs travaux dont se dispense l’homme, adonné seulement à la guerre ; mais la fatigue fut grande, car il nous fallut faire