Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée

ria ; nous avons voulu te dire le nôtre. Bellamare et moi, fiancés depuis longtemps, avons décidé en Amérique de nous marier dès notre retour en France. C’est donc notre visite de faire part que nous te rendons.

Laurence fit un cri de surprise.

— Et pourtant, dit-il, j’y avais penné vingt fois !

— Et tu ne pouvais pas le croire ? lui dit Bellamare. Moi qui n’y avais jamais pensé dans ce temps-là, je ne peux pas le croire encore. C’est si invraisemblable ! Es-tu jaloux de ma chance ? ajouta-t-il tout bas.

— Non, répondit Laurence de même, tu la mérites, justement parce que tu ne l’as pas cherchée. Si j’étais encore amoureux d’elle, ton bonheur me consolerait de ma blessure ; mais l’inconnue a triomphé en se faisant connaître ; je suis à elle, et bien à elle, pour toujours !

Les acteurs allèrent se déshabiller. Laurence, aux pieds de la comtesse, dans le salon où je faillis entrer étourdiment et dont je m’éloignai sans qu’ils m’eussent aperçu, bénissait sa délicate confiance et lui jurait qu’elle ne s’en repentirait jamais.