Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/289

Cette page n’a pas encore été corrigée

lui paraître trop romanesque moi-même en me trahissant, et, pour lui donner en moi la confiance qui lui avait manqué, je lui ai montré que je savais être une amie désintéressée, généreuse et tendre. Il l’a compris ; mais cette amitié était encore trop nouvelle pour chasser le souvenir d’Impéria. Je le sentais, je le voyais. Je voulais attendre encore, me conserver libre vis-à-vis de lui, lui rendre mon affection nécessaire et ne lui avouer le passé qu’en lui donnant l’avenir. On m’a forcée hier de me trahir. Il a été enivré, exalté,… et moi, j’ai été lâche, je n’ai pu me résoudre à lui avouer qu’Impéria était là tout près… Vous venez ce matin me dire qu’il faut être sincère et pousser l’épreuve jusqu’au bout. Eh bien, vous me brisez. J’ai été si heureuse en le voyant heureux à mes pieds ! N’importe, vous avez raison. Ma conscience obéit à la vôtre. Je ferai tout ce que vous voudrez.

Et de nouveau elle pleura sincèrement, et comme qui dirait à plein cœur ; elle fit pleurer Bellamare.

— Voyons, chère madame, lui dis-je, je ne suis pas très-sensible et pas du tout romanesque et pourtant je sens que vous êtes un ange, le bon ange de Laurence probablement ; mais, dans votre inté-