Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/268

Cette page n’a pas encore été corrigée

dant, ce que je savais fort bien, à quelle heure passait le bateau à vapeur pour le Havre.

— Je crois, répondit-il, qu’il passe à deux heures.

Ce peu de paroles fut un trait de lumière pour moi ; il parlait du nez ! Une vague révélation s’était déjà faite en moi à mon insu. J’avais envie de lui demander son nom, lorsque je le vis s’approcher d’un encrier et mettre l’adresse d’une lettre qu’il avait tirée de sa poche. J’eus l’indiscrétion de jeter les yeux sur cette lettre et j’y lus : À Monsieur Pierre Laurence, à Arvers

— Permettez, lui dis-je, je viens, par une de ces distractions qui ne s’expliquent pas, de regarder le nom que vous écriviez, et je crois devoir vous donner un renseignement. Laurence n’est plus à Arvers.

Il me regarda d’un air pénétrant, levant les yeux sans lever la tête, et, s’étant assuré qu’il ne m’avait jamais vu, mais que j’avais une honnête figure, il me pria de vouloir bien lui donner la nouvelle adresse de Laurence,

— On l’appelle ici le baron Laurence ; mais il n’aime pas qu’on lui donne ce titre, dont il n’a pas