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— Pourtant la chambre bleue !

— La chambre bleue, c’est vous, répondis-je. C’est vous, créatrice et habitante de cette chambre, que dans cette chambre j’ai aimée en rêve avant l’apparition de votre amie.

— Alors, c’est aussi le passé ?

— Pourquoi ne serait-ce pas le présent ?

Elle me reprocha de venir chez elle pour lui dire des fadeurs.

C’était de mauvais goût, j’en convins ; mais que devait-elle attendre d’un ancien amoureux de théâtre ?

— Taisez-vous, dit-elle, vous vous calomniez ! Je vous connais très-bien ; mon amie avait reçu assez de lettres de M. Bellamare pour vous apprécier, et, moi qui ai lu ces lettres, je sais qui vous êtes. N’espérez pas m’en faire douter.

— Qui suis-je, selon vous ?

— Un homme sérieux et délicat qui ne fera jamais légèrement la cour à une femme qu’il estime ; un homme qui, pendant trois ans, a caché son amour à Impéria, parce qu’il la respectait. Dès lors, une femme qui se respecte et qui sait cela n’accepterait pas volontiers le marivaudage avec vous ; convenez-en.