Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/259

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’original, j’écrivis à madame de Valdère pour la supplier de venir me donner sur place un renseignement et un conseil. J’avais été si obligeant pour elle qu’elle crut ne pouvoir me refuser. Elle vint, fut très-surprise, très-touchée même de ma fantaisie sentimentale, et déclara que mes souvenirs étaient très-fidèles. Elle me permit alors d’aller la voir, et me montra mes deux lettres à l’inconnue, que celle-ci lui avait confiées en mourant, lui disant de les brûler quand elle les aurait lues.

— Pourquoi ne l’avez-vous pas fait ? lui dis-je.

— Je ne sais, répondit-elle. J’ai toujours rêvé que je vous rencontrerais quelque part et que je pourrais vous les rendre.

Pourtant, elle ne me les rendit pas, et je n’avais aucun motif pour les réclamer. Je lui demandai si elle n’avait pas un portrait de son amie.

— Non, dit-elle, et, si j’en avais un, je ne vous le montrerais pas.

— Pourquoi ? Sa méfiance lui servit ; elle vous a défendu… soit ! Je ne veux plus aimer dans le passé ; j’en ai assez, j’en ai été assez malheureux pour que tout soit expié. J’ai le droit d’oublier mon long martyr.