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qui était venue là à mon insu et sans ma permission, bien qu’elle fût mon amie, m’a tout confessé par la suite. Pauvre femme ! elle est morte avec ce souvenir.

— Morte ! m’écriai-je. Je ne la verrai donc jamais !

— C’est tant mieux pour elle, puisque vous ne l’eussiez pas aimée.

Je vis que madame de Valdère savait tout. Je la pressai de questions, elle les éluda ; ce souvenir lui était pénible, et elle n’était nullement disposée à trahir le secret de son amie. Je ne devais jamais savoir son nom, ni quoi que ce soit qui pût me faire retrouver sa trace dans un passé fermé, enseveli sans retour.

— Vous pouvez au moins, lui dis-je, me parler du sentiment qu’elle a eu pour moi : était-il sérieux ?

— Très-sérieux, très-profond, très-tenace. Vous n’y avez pas cru ?

— Non, et j’ai probablement manqué le bonheur par méfiance du bonheur ; mais a-t-elle souffert de cet amour ?… est-ce la cause ?…