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la Marseillaise, et, dans une confusion de fantômes et de fictions, Lambesq hurlant les fureurs d’Oreste, tandis que je déclamais Polyeucte. La bonne et plaisante figure de Bellamare m’apparaissait dans la coulisse, d’où la voix caverneuse de Moranbois nous envoyait le mot. Des larmes me vinrent aux yeux, un rire nerveux me crispa la gorge, et je m’écriai involontairement :

— Ah ! la belle salle de spectacle !

Madame de Valdère me regardait avec émotion, elle crut sans doute que je devenais fou : elle devint pâle et tremblante.

Je crus devoir, pour la rassurer, lui faire la déclaration que j’ai coutume de lancer à ceux qui m’examinent avec méfiance et curiosité.

— J’ai été comédien, lui dis-je en m’efforçant de sourire.

— Je le sais bien, reprit-elle encore émue. Je connais, je crois, toute votre histoire. N’en soyez pas surpris, monsieur Laurence. J’ai eu à Blois une jolie petite maison renaissance, au numéro 25 d’une certaine rue où il y avait des tilleuls et des rossignols. Il s’est passé dans cette maison une singulière aventure dont vous étiez le héros. L’héroïne,