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M. le baron est couché et ne se dérangera pas pour un voyageur inconnu que cette mauvaise nuit lui amène. Veuillez lui remettre ma carte demain matin, et, s’il veut bien me permettre de le remercier…

— M. le baron n’est pas couché, répondit le domestique, c’est l’heure de son souper, et je vais lui porter la carte de monsieur.

Il me fit entrer dans la salle à manger et disparut. L’autre domestique, occupé à servir le souper, m’avança poliment un siège près de la cheminée, y jeta une brassée de pommes de pin et reprit ses occupations sans mot dire.

Je n’avais pas froid, j’étais en sueur. Je regardai le local. Cette grande salle ressemblait au réfectoire d’un antique couvent. Je m’assurai, en regardant de près, que c’était, non une imitation moderne, mais une vraie architecture romane et monastique, quelque chose comme une succursale de Jumiéges ou de Saint-Vandrille, les deux célèbres abbayes qui possédaient jadis tout le pays environnant. M. le baron Laurence avait transformé le couvent en palais, ni plus ni moins que le prince Klémenti. Les aventures de la troupe Bellamare me revinrent