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toujours ! ne m’en punis pas par ta méfiance. Ne me fais pas souffrir plus que je ne souffre.

— Eh bien, mon amie, sois sincère jusqu’au bout ; dis-moi si tu es heureuse, si tu es aimée.

Elle refusa de me répondre, et je perdis l’empire de ma volonté ; ce mystère incompréhensible m’exaspérait. Je m’en plaignis avec tant d’énergie, que j’arrachai une partie de la vérité, conforme, hélas ! à ce qu’Impéria m’avait dit, d’un ton à demi sérieux, à Orléans, sur la route qui conduisait à la villa Vachard. Elle n’avait jamais révélé son amour à celui qui en était l’objet ; il ne le pressentait seulement pas. Elle était sûre qu’il en serait heureux, le jour où elle le lui ferait connaître ; mais ce jour n’était pas encore venu : elle avait deux ou trois ans encore à l’attendre. Elle voulait se conserver libre et irréprochable pour donner confiance à cet homme que le mariage effrayait. Où était cet homme ? que faisait-il ? où et quand le voyait-elle ? Impossible de le lui faire dire. Quand j’émis la supposition qu’il était non loin du lieu habité par le père d’Impéria, et qu’elle le rencontrait là tous les ans quand elle allait voir ce père infirme, elle répondit : Peut-être mais d’un ton qui me parut si-