Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/200

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ce n’est pas vrai par le fait ; mais à mes yeux je suis irrévocablement liée. J’ai engagé ma conscience et ma vie à un serment qui est ma force et ma religion. J’aime réellement quelqu’un, et je l’aime depuis cinq ans.

— Ce n’est pas vrai ! répétai-je avec colère ; cette fable est usée ; ce prétexte ne peut plus servir. Vous avez dit à Bellamare devant moi, à Paris, un jour où j’étais encore malade et où je feignais de dormir, que ce n’était pas vrai.

— Tu as entendu cela ! reprit-elle en rougissant. Eh bien… c’est raison de plus.

— Expliquez-vous.

— Impossible. Tout ce que je peux dire, c’est que je cache mon secret, surtout à Bellamare. C’est à lui que je mens et que je mentirai tout le temps nécessaire. C’est lui qui pourrait deviner, et je ne veux pas qu’il devine.

— Alors, c’est Léon que tu aimés ?

— Non, je te jure que ce n’est pas Léon. Je n’y ai jamais songé, et, comme après lui il n’y a plus que Lambesq à supposer, je te prie de m’épargner l’humiliation de m’en défendre et de ne plus ma faire de questions inutiles. J’ai été sincère avec toi,