Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

vous mettre aux arrêts, monsieur, en attendant que votre punition soit décrétée.

Il ajouta d’un ton ferme :

— Justice sera faite !

Mais je crus saisir un regard d’intelligence qui disait au commandant : « Sois tranquille, tu en seras quitte pour quelques jours de prison. »

Quoi qu’il en soit, nous ne pouvions exiger davantage, et aucune satisfaction à notre dignité ne pouvait rendre la vie à notre pauvre petit camarade. Nous demandâmes seulement au prince, et sur un ton assez raide, que ses restes nous fussent rendus pour être ensevelis avec décence.

— C’est trop juste, répondit-il, évidemment contrarié et troublé de cette demande ; mais je ne puis permettre que l’inhumation ait lieu ostensiblement ; attendez la nuit.

— Et pourquoi donc ? dit Moranbois indigné. Une infamie a été commise chez vous, et vous ne voulez pas que la réparation soit franche ? Ça nous est égal, nous n’avons besoin de personne pour enterrer nos morts ; mais nous voulons le corps de notre pauvre enfant, nous le voulons tout de suite, et, si on nous le cache, nous le