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répara de son mieux les instruments qui avaient souffert. L’orchestre, c’est-à-dire le quatuor qui nous en tenait lieu, fut caché dans la coulisse pour que les acteurs en représentation pussent faire de temps en temps leur partie, sans être vus jouant du violon ou de la basse en costume d’empereur ou de confident. Bellamare avait introduit une innovation : un coryphée récitait en guise de chœur une pièce de vers à la fin ou à l’entrée des actes. Ces vers, imités des anciens textes, étaient fort beaux, ils étaient de Léon. L’orchestre les accompagnait en sourdine sur un rhythme grave et monotone que j’avais composé, c’est-à-dire pillé, mais qui faisait très-bon effet.

Pendant que nous nous hâtions ainsi, Impéria étudiait la Marseillaise, qu’elle n’avait chantée de sa vie et qu’elle n’avait jamais entendu chanter par Rachel ; elle savait seulement que, sans voix et sans aucune méthode musicale, la grande tragédienne avait composé une sorte de mélopée dramatique qui était plutôt mimée et déclamée que chantée. Impéria musicienne ne pouvait pas faire si bon marché du thème musical et n’espérait point arriver à la beauté sculpturale, à l’accent voilé et terrible de