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de mon beau-frère, et n’écoute que moi, si tu veux t’élever au-dessus d’un vulgaire pédantisme. Tu es un voyant naturel, ne torture pas ton esprit pour le rendre aveugle.

» Sache que je suis un voyant, moi aussi, et que, devant les sublimes clartés de mon imagination, je me soucie fort peu de vos petites hypothèses scientifiques. Des hypothèses, des analogies, des inductions, la belle affaire ! Je vous en ferai par milliers, moi, des hypothèses, et toutes bonnes, bien que se contredisant les unes les autres.

» Voyons ! que signifient votre intensité du calorique et vos matières minéralogiques en fusion à trente-trois kilomètres de profondeur ? Vous procédez du connu à l’inconnu, et vous croyez saisir ainsi la clef de tous les mystères. Vous savez qu’à la profondeur de quarante mètres la chaleur est de onze degrés, et qu’elle augmente d’un degré centigrade par trente-trois mètres. Vous faites un calcul, et vous raisonnez sur ce qui se passe à deux ou trois mille kilomètres plus bas, sans songer que cette chaleur constatée par vous n’est peut- être