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tout ! Les êtres seuls sont doués de la parole, et moi, je ne suis rien, je suis muette, muette ; je suis une cause sans effet et un effet sans cause, comme ma roche et comme mon ruisseau !

Et il me sembla que le ruisseau et sa grosse pierre répétaient à satiété : Nous sommes muets, muets ! N’entends-tu pas que nous sommes muets ?… et qu’ils accompagnaient ces mots d’un perpétuel petit éclat de rire.

— Dites ce que vous voudrez et riez tout à votre aise ! m’écriai-je impatienté ; vous ne pouvez pas me prouver que vous dites ce que je crois entendre : donc, vous n’êtes que des illusions, et je vous souhaite le bonsoir !

Et j’allais ramasser mon sac et mon bâton pour m’en aller ; mais je ne pus faire un mouvement, et je reconnus avec stupeur que j’étais enchaîné là par une force magique.

— Mon petit ami, reprit alors la nymphe invisible, il ne t’est pas possible de prouver que c’est moi qui te rends immobile ; donc, tu ne l’es pas : lève-toi donc, et va-t’en !