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de cette jeunesse exubérante ! il a au service de son indignation autant d’éloquence pour maudire l’un que pour railler l’autre. Il n’est pas de ceux dont on peut dire : « Vous verrez qu’il se calmera ! » non ; il se jouera toujours avec la foudre. C’est son élément. Il aura passé sa vie à foudroyer, frappant quelquefois à faux, mais toujours fort, oubliant Mozart aujourd’hui ; ne pardonnant peut-être pas demain à Gœthe : mais que de vers sublimes, que de prose magnifique, que d’images éblouissantes, que de vigueur et d’abondance nous aurions perdus, s’il se fût laissé tout doucement vieillir !

La Creuse, notre grand torrent, ne se calme pas du tout. Il gronde aujourd’hui comme il y a vingt ans, et nous ne souhaitons pas du tout qu’il s’apaise. Nous ne saurions courir aussi vite que lui ; mais nous aimons passionnément à le regarder passer. Il y a encore des gens qui n’aiment pas le bruit des gaves et qui se signent quand l’éclair brille. Ne leur cherchons point querelle ; on n’impose pas l’admiration. Demandons seulement à