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d’heure en heure un passant qui chante ou siffle, un chien qui aboie à la lune, un coq qui s’éveille, interrompent sa majesté. Je n’ai jamais rencontré le silence absolu comme ici, et j’en cherche la cause sans la trouver. Pourquoi dans ce village grouillant d’enfants et d’animaux n’y a-t-il plus un souffle vivant à partir de neuf heures ? Ont-ils le sommeil plus profond qu’ailleurs ? Le rêve ne les visite-t-il jamais ? Leurs épaisses maisons de schiste ont-elles la propriété d’absorber tous les bruits de l’intérieur ? Non, c’est comme une loi naturelle qui pèse sur ce mystérieux village tapi au fond de son ravin. Je vois à travers ma vitre un chien qui passe à mi-côte. Il aperçoit ma lumière. Cette impertinence le scandalise ou l’étonné. Il s’assied et regarde immobile. Il a l’air du chien noir de Faust. Il n’aboie pas. Je frappe un peu à ma vitre pour voir s’il parlera. Il ne dit mot, et vexé se retire lentement. Bien souvent j’ai veillé ici jusqu’au jour. Jamais je n’ai entendu un chat miauler, ni un coq chanter, ni un beuglement sortir des étables avant l’aube. Jamais un passant attardé, jamais les entraves sonnantes