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reil, mais misérable, un taudis. Il y a encore là un vieillard, un spectre à l’œil pâle, aux reins pliés comme le dos d’un livre, et il est tout seul. Il avait, l’année dernière, un autre spectre à ses côtés, sa vieille femme, qui toussait d’une manière si déchirante, que je l’entendais à travers ma grosse muraille. Elle est morte, et le vieux, qui n’est point pauvre, n’a pas voulu quitter la maison où il avait toujours vécu. Aucun de ses enfants n’a pu demeurer là, chacun ayant sa famille, son établissement, sa nécessité d’être ailleurs, et aucun n’a pu le décider à prendre gîte chez lui. Le paysan est tout imagination sous son matérialisme apparent. C’est toujours l’imagination païenne, la personnification des choses qui l’entourent ; sa maison, son champ, son arbre, son mur, deviennent pour lui des êtres, des dieux, qui sait ?

Le père Pâques a refusé de vendre la maison qui tombe en ruine sur sa tête. Il a refusé de la faire réparer, disant qu’elle durerait bien autant que lui. Et puis il eût fallu la livrer durant quelques jours aux maçons et n’y plus dormir durant quel-