Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/290

Cette page n’a pas encore été corrigée

fleurettes de la forêt. Le genre humain n’est pas méchant parce qu’il souffre, et il ne souffre que parce qu’il a besoin de grandir. Vous lui montrez la grandeur terrible et farouche, vous la dépeignez comme il n’est donné qu’à la grandeur de se dépeindre elle-même. C’est beau et bien de la venger des petites injures ; c’est une vigoureuse et salutaire leçon pour ouvrir l’entendement des sourds et l’œil des aveugles ; mais il n’y a pas que des sourds et des aveugles dans ce monde. Et, d’ailleurs, personne n’est infirme pour le plaisir de l’être. Il s’est fait précisément en ce siècle un énorme besoin d’air et de lumière. La raillerie est née de ce besoin. Raillerie, arme des faibles ! a-t-on dit. C’est possible ; mais tout être faible porte en lui sa force avortée ou latente. Je n’aime pas à voir écraser ce qui eût pu vivre. Je veux donc croire que les envieux sont quelques sots par trop malades, et non pas tous les hommes de moyenne taille ; car, pour laisser une gloire si haute et si durable, il a bien fallu que les géants fussent compris et acceptés par une foule de