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quelque audacieux qu’il soit, n’est-ce pas le côté éternellement fécond et sublime de la science ? Cette découverte, qu’il est une force destinée à engendrer une plus grande force, n’est-elle pas la grande lettre de noblesse du savant ? Noblesse à nulle autre pareille, puisqu’au lieu de dégénérer elle s’épure et s’élève d’une génération à l’autre.

Et si l’art est le domaine du fini, en ce sens qu’il a, en tous lieux et en tous temps, atteint sa perfection intrinsèque, n’est-ce pas pour l’artiste une magnifique grandeur que d’appartenir à cette race où chacun fait sa noblesse soi-même, sans espoir de dépasser ses aïeux, mais avec la certitude de n’être point dépassé par ses descendants ? Aucun grand poëte, aucun grand artiste ne monte sur la Me d’un autre. Tous sont égaux dans la région où la grandeur existe. Bossuet ne dévore pas saint Paul, Molière n’anéantit pas Aristophane, Beethoven ne fait aucun tort à Mozart. L’idéal est l’idéal dans tous les milieux, dans toutes les langues. Là où il n’y eut pas d’idéal, il n’y eut pas de grandeur réelle. Là où l’idéal trouva l’expression digne de