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erreurs sacrées, mères lentes, aveugles et saintes de la vérité ! Je cite, peut-on mieux dire ?

« Rien de pareil dans l’art, ajoute-t-il. L’art n’est pas successif, tout l’art est ensemble. »

C’est qu’en effet l’art, c’est le résultat du sentiment et de l’imagination, et qu’en ce sens il est quelque chose d’absolu, de non perfectible par conséquent. Il n’a pas été nécessaire à l’homme de savoir la distance de la terre au soleil pour sentir et pour exprimer l’éclat du soleil. Avant d’être une planète, la lune a pu apparaître comme une déesse. Le pâtre inculte qui le premier a été vivement ému de la splendeur des étoiles a été aussi près des étoiles par l’élan de son âme que Galilée par ses calculs. L’idéal de l’art n’a pas besoin des certitudes de la science. La science peut agrandir les horizons du poëte, elle n’ajoute rien à l’énergie de ses organes. Ouvrez l’espace à l’aigle, vous ne ferez pas pour cela pousser ses ailes ; elles avaient poussé dans le nid, dans l’œuf. Dieu a donné des ailes à la pensée de l’homme, elle a toujours su planer au plus haut de l’idéal.