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blier sa belle maman, madame de Warens. En traçant son portrait, M. Arsène Houssaye est devenu amoureux d’elle. C’est d’un artiste et d’un poëte, et c’est, après tout, d’une bonne philosophie. Rousseau a beaucoup idéalisé sa bienfaitrice tout en la réalisant sans scrupule, et il a eu raison dans les deux cas, parce qu’il a été sincère, parce qu’il a laissé parler sa mémoire et son cœur, ce qui vaut toujours mieux que le calcul qu’on s’impose ou les réticences qu’on subit. Ce qu’il y a de trop réel dans madame de Warens nous choque démesurément aujourd’hui, et pourtant nous nous piquons d’être le siècle de la critique par excellence. Nous devrions dès lors faire un effort d’esprit pour nous reporter aux idées d’il y a cent ans, pour apprécier le milieu, le pays, l’époque et surtout l’éducation que recevaient les femmes dans ces belles contrées un peu sauvages à beaucoup d’égards, et où régnaient l’ignorance et une certaine brutalité de mœurs.

Acceptons donc madame de Warens et n’acceptons pas Thérèse. Retirons notre pardon à celle