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sa cause, l’a trop abandonnée. Ce qui a pu lui donner le change à sa dernière heure, c’est qu’il s’est senti emporté par cette fièvre qui lui faisait chercher le sublime. Pardonner trop et s’immoler follement, tout a été là pour lui en ce moment suprême.

» Je trouve donc à reprendre à sa vie et à sa mort, à ses ouvrages et à son caractère. On ne lui a pas reproché sans raison le paradoxe à certains égards et l’orgueil exigeant en certaines occasions. Rousseau appartient à la critique et sera toujours le digne objet de son examen sévère et impartial. Il nous appartient, à tous tant que nous sommes, de l’interroger et de le discuter ; mais je crois que certains incidents de cette vie privée, dont on a fait tant de bruit et qui l’ont tant préoccupé lui-même, devraient être voilés jusqu’à nouvel ordre. Les temps ne sont pas accomplis, Rousseau n’est pas jugé. Il est trop près de nous, son souvenir est encore trop lié à nos propres orages pour que nous puissions équitablement l’absoudre sans réserve ou le condamner sans appel. Il y a bien d’autres