Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/249

Cette page n’a pas encore été corrigée

Rousseau est en même temps une méfiance d’elle (trop fondée peut-être !) et une affection réelle avec tous les attendrissements de la reconnaissance. Si tous les ennemis de Jean-Jacques fussent revenus à lui tant soit peu, je ne doute pas que, poussant l’oubli et le pardon jusqu’à l’excès, ce brutal, si sensible à la moindre marque de sollicitude ou de repentir, n’eût parlé d’eux avec enthousiasme. Il les eût fardés avec une bonne foi sans égale, comme il l’a fait pour Sophie, coquette ou infidèle, imprudente à coup sûr, et lui infligeant de cruelles souffrances ou la nécessité de se laisser accuser pour ne pas la trahir. Il ne lui reproche pourtant rien ; loin de là, il persiste à en faire un ange. Combien peu d’hommes, raillés et blâmés comme il le fut à cause d’elle dans ce monde des beaux esprits qui était tout dans ce temps-là, fussent restés fidèles et discrets !

» Dans cette mansuétude de Rousseau est tout la fond de son âme, tout ce qu’elle avait de sain et de vraiment grand, même dans le désespoir. Ce désespoir a dû être plus profond encore quand il