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n’y avait qu’un corrupteur entre deux hommes chastes et sincères, et que ce corrupteur, c’était le fatal sophisme de madame de Warens ! Et comme la véritable affection de ces deux hommes l’un pour l’autre est un hommage rendu à madame de Warens elle-même, à ce qu’il y avait en elle de vertus viriles, puisque son impudeur ne la leur rendait ni moins chère ni moins respectable ! Ceci, d’ailleurs se passait à l’époque la plus corrompue qui fut jamais. Quelle délicatesse de sentiments chez Rousseau, et quelle saine appréciation de l’amour vrai dans le récit de cette honte et de cette douleur de sa jeunesse ! Comme ses larmes éperdues et l’austère silence de Claude Anet protestent contre la contagion du siècle dont madame de Warens était la proie !

» Tenez, nous appartenons à une époque dont les mœurs sont encore pires peut-être, mais dont les principes sont meilleurs : eh bien, je vous réponds qu’au nombre des leçons qui ont aidé les hommes de bien à surnager sur l’abîme du mal depuis cinquante ans, le récit de Jean-Jacques est