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sentence équitable, pas plus que vous ne pouvez refuser à celui qui comparaît devait les tribunaux le droit de défendre son innocence. Rousseau n’était-il pas condamné et banni pour avoir écrit l’Émile ? N’était-il pas également repoussé par les protestants, et forcé d’errer et de fuir comme un coupable ? Avait-il rêvé cette persécution exercée contre lui par une monarchie et une république, cet anathème lancé par les deux Églises ? Et quand il se retranchait contre l’intolérance dans une humble solitude, cherchant un village, une chaumière, l’oubli et le repos, les véritables mauvais philosophes, les Grimm et consorts, ne publiaient-ils pas contre lui des attaques plus perfides encore que celles de la gent dévote de Suisse et de France ? Quel est donc ce parti pris de nier la conspiration contre Rousseau ? Est-ce que les preuves n’existent pas ? Est-ce que pour lui seul l’histoire ne prouve rien ? Est-ce que lui seul, entre tous les hommes, était privé du droit de se disculper et de se faire connaître ? Sa gloire a tellement obscurci les petites réputations de son temps, que l’on connaît