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ne pouvez pas les faire marcher de pair avec les emportements de franchise du philosophe calomnié et persécuté. Les premiers font le mal sous le manteau de la vertu ; on croit en eux, on les respecte, le peuple baise leurs sandales, les femmes leur confient leurs plus intimes pensées. Leur vie est en secret une jouissance raffinée, en public un triomphe de tous les instants. Pourtant ces gens insultent et condamnent. Du haut de la chaire, ils tonnent contre les idées et les personnes, ils excommunient avec les plus hideuses formules de la malédiction, ils dévouent les âmes à l’enfer, car leur vengeance ne s’arrête pas au seuil de la vie : il faut l’éternité pour l’assouvir. Les tortures de l’inquisition n’étaient rien, il fallait bien inventer celles de l’enfer ; la clémence de Dieu ne se pouvait souffrir.

» Voilà les mauvais chrétiens : ils sont faciles à qualifier ; mais vous ne pouvez appeler mauvais philosophe l’homme qui, cité à toute heure de sa vie au tribunal de l’opinion publique, défend sa vie et la confesse publiquement pour obtenir une