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de la rêverie et aux charmes de l’intimité. Enfin on arrive à mi-côte du vallon des Charmettes (car ce n’est pas seulement la maison habitée par madame de Warens qui s’appelle ainsi, c’est tout le pays environnant), et, du chemin rapide, on gagne la maisonnette par une courte pelouse plus rapide encore.

Cet ermitage a été souvent décrit depuis Jean-Jacques, et pourtant je tenais à me le décrire à moi-même ; car je voulais emporter des moindres détails un de ces souvenirs précis et complets qui nous permettent de posséder certaines localités comme nous possédons notre propre demeure. N’est-il pas agréable de retourner de temps en temps faire certaines promenades imaginaires, et, quand on se déplaît quelque part, de pouvoir aller par exemple passer en rêve quelques heures aux Charmettes ?

Il y aurait lieu à une étude physiologique, psychologique par conséquent, sur cette faculté précieuse qui nous est donnée à tous de rattacher à certains objets, même involontairement, la vision