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de verre, et nous n’y apercevions, comme on peut croire, aucune trace de végétation.

Bientôt le soleil échauffa tellement cette surface resplendissante, que l’éclat en devint insupportable pour nos yeux, et la chaleur atroce pour nos pieds ; mais il n’y avait point à revenir sur nos pas : nous étions à la moitié du trajet, et nous continuâmes à marcher avec un stoïcisme dont je ne me serais jamais cru capable. Le reflet de la cascade circulaire était si ardent, qu’il nous semblait être au centre du soleil. Par bonheur, un coup de vent détacha de la cime du pic central une avalanche de neige qui roula jusque vers nous. Nous prîmes notre course pour l’atteindre avant que la marche nous fût devenue impossible, et ce secours inespéré nous permit d’arriver presque à la base du cône.

Là nous attendait une surprise prodigieuse, ou plutôt une amère déception. Depuis longtemps, il nous avait semblé marcher sur une croûte volcanique boursouflée, avec la sonorité du vide en dessous. Nous vîmes alors que cette croûte, brusquement interrompue, était à une énorme distance