Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/169

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avec précaution et lenteur de branche en branche jusqu’à terre.

Là, nous trouvâmes des fleurs et des fruits tout à fait différents de ceux des régions supérieures. Au lieu des baies de rosacées qui avaient fait le fond de notre nourriture les jours précédents, nous trouvâmes des espèces de chardons comestibles qui avaient la chair de l’artichaut et de l’ananas, et les œufs d’oiseaux (nous n’en vîmes pas un seul dans ces forêts) furent remplacés par des larves de papillons d’un volume extraordinaire et d’un goût très relevé.

Mais il s’agissait de franchir le torrent, et bien nous prit d’aviser sur ses rives des tortues amphibies de cinq à six mètres de long, qui nous laissèrent monter sur leur carapace, et qui, après plusieurs stations capricieuses assez irritantes sur les îlots dont le fleuve était semé, nous firent lentement gagner l’autre rive.

― Voilà en somme de bonnes créatures, quoique paresseuses, dit mon oncle en les voyant rentrer dans les flots. Elles valent mieux que les