Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/141

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

oncle comme un puissant magicien, et que moi-même, forcé d’admirer sa prévoyance, son habileté et la foi qui l’avait soutenu, je le contemplais avec un respect superstitieux.

Le soleil nous fit une courte visite ce jour-là ; mais son apparition dans un ciel tout marbré de tons roses et orangés m’avait rendu la confiance et la gaieté. La mer s’éclaira longtemps d’un crépuscule transparent comme l’améthyste ; nous cherchâmes un lieu abrité du vent, et au pied d’un glacier d’une blancheur immaculée nous choisîmes un charmant vallon tapissé d’une mousse fraîche et veloutée où fleurissaient des lychnis, des hespéris, des saxifrages lilas, des saules nains et des bermudiennes.

Le lendemain, ayant reconnu que l’eau de la mer était aussi tiède que dans les climats tempérés, nous nous donnâmes les plaisirs du bain. Je montai ensuite sur un pic assez élevé avec mon oncle, et nous prîmes plus ample connaissance du pays inexploré que nous voulions atteindre.

Ce pays, c’était le rivage ouest du détroit franchi,