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milieu de nos chiens bien repus, et nous prîmes un repos aussi complet et aussi réparateur que celui des marmottes dans leur trou.

Je me retrace cette nuit de chaleur, de bien-être et de sécurité dans les glaces polaires comme une des plus étonnantes de mon voyage. J’y fis les plus étranges rêves. Je me vis chez mon oncle Tungsténius, qui me parlait botanique et me reprochait de n’avoir pas suffisamment étudié la flore fossile des houillères.

― Maintenant que tu parcours des contrées si peu explorées, me disait-il, tu peux trouver des végétaux encore inconnus, et il serait bien curieux de les comparer avec ceux dont les schistes carbonifères nous ont conservé l’empreinte. Voyons, sors un peu de ce traîneau qui raye follement nos allées ; attache ces chiens hargneux qui dévastent nos plates-bandes. Tâche de trouver dans ces lichens polaires le saxifrage oppositifolia ; il s’agit d’en faire un bouquet pour ta cousine Laura, qui doit se marier dimanche.

J’essayai de remontrer à mon oncle Tungsténius