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que le grandiose, le curieux, l’enivrant du spectacle.

Peu à peu je m’habituai au charme de cette vision des choses extérieures, et, faisant un retour sur moi-même, je me demandai si ce que ma mémoire me retraçait des récents événements de mon voyage était bien réel. Il y avait dans le moment actuel une certitude complète. J’étais bien dans un léger traîneau d’écorce, doublé de peaux d’ours et de phoque, tiré par trois chiens d’une force et d’une ardeur admirables. Il y avait bien devant moi deux autres véhicules semblables, dont l’un devait contenir mon oncle Nasias, l’autre le guide de la caravane, et la caravane était bien derrière nous, suivant nos traces. En tête de cette caravane marchait bien une lumière d’un éclat inexplicable ; mais n’était- ce pas quelque procédé scientifique d’éclairage dont Nasias n’avait pas daigné me révéler le secret ?

Mes regards se fixèrent sur le rayonnement du traîneau conducteur, et je ne trouvai rien d’extraordinaire à ce qu’il fût porteur d’un puissant fanal alimenté par l’huile de phoque, dont les indigènes