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qu’il n’en avait pas la patience. Sa logique naturelle se révoltait contre les aphorismes de mauvaise foi dont Audebert se faisait un jeu d’esprit pour entrer en matière. Son air distrait, ses efforts pour ramener l’entretien aux préoccupations de la vie positive étaient autant de coups de poignard que ce pauvre exalté recevait en plein cœur. Sa sensibilité surexcitée y voyait tantôt l’outrage du dédain, tantôt la condamnation méritée de sa propre impuissance. C’était dans ce dernier cas surtout que son air égaré et son silence subit devenaient inquiétants. Sans le lui avouer, Sept-Épées passa plus d’une nuit à veiller autour de la baraque par des temps affreux, dans la crainte que son malheureux ami ne cédât de nouveau à la tentation du suicide. Le délai qu’il s’était imposé par serment était expiré, et Sept-Épées n’osait lui demander de jurer un nouveau bail avec la vie. Il tremblait d’échouer dans cette tentative, et de lui rappeler que sa liberté était reconquise.

Le parrain alla voir une seule fois l’établissement de son filleul, quand cet établissement commença de fonctionner. Il n’approuva rien et ne voulut rien